Cinéma

Fil des billets

20 mars 2017

“Un raciste, quand il commande un "Black & White", demande deux verres séparés.” Roland Magdane

GET OUT

Jordan Peele
Sortie française : 3 mai 2017


Avant la séance :
Prête à découvrir Get Out, avec une once d'excitation à l'idée d'un joli coup de poing dans la gueule que je suis susceptible de recevoir. En même temps, je me coltine une légère crainte d'être déçue.

Bandes annonces et publicités débarquent dans la salle noire, légèrement bruyante entre pop corn et discussions des gens autours. "Cross fingers" pour que ça se calme devant le film. Heureusement, la salle n'est pas bondée.

 

Après la séance :
HOLLY F*CKIN' SHIT ! Bah ouais, jolie putaine de claque. Si bonne que je ne sais pas par quoi commencer.

Bon, je me lance... Côté son, très bonne bande originale à mon goût, qui colle réellement au film, appuie bien l'image, accomapgne l'histoire, encourage sans aucun doute la tension.
J'en parle rarement, mais je pense aussi que le mixage a été bien maîtrisé ici.
Sans hésitation, bravo à l'audio.

Côté image, joli grain. Plans de qualité, réflexion intense en prépa à mon avis. Tant pour le cadre, que pour les décors, les accessoires, les couleurs ou les costumes.Tous les détails comptent pour se faire leurrer et surtout, flipper. (Non, ce film ne fait pas "peur" au sens où on peut l'entendre. Ceci dit, une légère anxiété nous hante tout du long.)

Qualité du son et de l'image impeccable pour une tension donc sans relâche. Sans parler des rebondissements dans l'hisoire qui ajoutent sans cesse du piquant.


L'histoire du coup... alors faut vous dire que je ne savais rien du film avant d'y aller, sinon son affiche vue quelques mois plus tôt qui m'avait titillée, et 2-3 plans aperçus au zapping TV quelques jours avant qui avaient fini de me convaincre, notamment par une certaine violence.
Non, le film est pas tant violent. Enfin, les 3/4 du film ne le sont pas vraiment. Pour ce qui est du dernier quart, c'est sans merci.

Et donc, de quoi ça parle ? De racisme (contre les noirs), de confiance, de médecine, de (secret de) famille. Mélangez le tout, ajoutez une dose d'intelligence, de (bonnes) références cinématographiques (je dirais Hitchcock, Kubrick, Kaye sans trop d'hésitation), de bons acteurs... vous voilà prêts à entrer dans Get Out. 

Marrant non ? Entrer dans "get out" ! J'ai eu peur d'une mauvaise traduction du titre en France mais non, ils ont conservé le titre original. Par contre, faudra être patient les amis, sortie française avant le 3 mai prochain, mais en avant-première la 11 avril aux Hallucinations Collectives à Lyon pour les impatients.

"Get Out". Plusieurs lectures possibles du titre. On pourrait le hurler tout au long du film, à chaque nouvelle étape, à chaque nouvelle compréhension. Oui parce que je n'ai pas choisi le mot "intelligence" ci dessus au hasard. Le film nous dévoile lentement de nouveaux indices qui nous mettent sur une certaine voie de compréhension (bonne ou mauvaise). Quand il finit par nous dévoiler, petit à petit, ce qu'il en est, on s'enfonce lentement et bien profondément dans notre fautueil. Comment y croire ? Comment accepter ce qui se passe ? On est carrément passif, outré, surpris, et on n'attend qu'une chose : voir le tableau dans son ensemble et espérer que le tout ne se termine pas trop mal (enfin, ça dépend pour qui).

Je terminerai en applaudissant un fabuleux jeu de la part des acteurs. Tous les personnages, dans leurs caractéristiques les plus profondes, dans des détails les plus insignifiants, réalisent une réelle performance. Rôles pas évidents, pour sûr ; et mal interpétrés, le film aurait pu courir facilement au désastre.


Bon, je m'arrête là. Il est temps, non ? J'espère que je vous aurais donné l'envie de débourser cette poignée d'euros pour assister, dans une salle bien noire, au son de qualité, devant un écran gigantesque, à un coup de maître.

http://static.rogerebert.com/uploads/review/primary_image/reviews/get-out-2017/hero_GetOut.png

4 mars 2017

"Dans tout exode il y a de la panique, de la douleur. Il y'a le feu…et aussi, la poursuite…" Marvel

Logan

James Mangold


Payer sa putain de séance 8 balles est un investissement à risque. Après avoir raquer pour voir "Rings" dont je n'ai pas un seul point positif à citer, même pas un mot, je ne pensais pas retenter le diable. Logan n'était pas le genre de film que j'allais risquer. Mais, il y "mais". Une petite discussion actu cinématographique et de bons échos, me voilà, la main tremblante, achetant ma place pour une nouvelle adaptation de Marvel au cinoche.

Logan, surement mon perso préféré des X-Men. Je ne savais pas du tout ce que j'allais voir. J'imaginais un X-Men en solitaire. Vous savez quoi ? Pas du tout. 
Enfin, presque pas du tout. Les poursuites, les combats, des mutants sont là ! Manquait plus que ça... J'ai même rapidement eu peur qu'il n'y ait QUE ça. Puis non. Nous voilà finalement embarqués dans un road movie avec Jackman en super héro.

Jackman... toujours aussi bon, il faut le reconnaître. Je crois qu'après sa mort, plus personne ne pourra oser proposer un autre Volverine ou X-Men. Sérieux, personne n'a sa carrure, sa gueule, ou son jeu.

Côté synopsis, y a du mieux à faire, ou pas. Je suis pas vraiment tranchée à ce sujet. Perplexe sur mon appréciation du : j'ai aimé (ou pas aimé) ne pas avoir toutes les explications que j'aurais aittendu. Pour ne pas trop spoiler (pas plus que le trailer) : un gamine entre en jeu, on sait où elle a grandi, on ne sait pas vraiment comment ou pourquoi elle y a été. Je vous rassure, on en sait assez pour apprécier le film. Je dis juste que ça peut être frustrant de manquer d'infos.

Côté image, certains cadres peuvent être non idéal pour moi, mais dans l'ensemble, c'était plutôt bien. Bon mix entre plans d'ensemble, plans rapprochés. Des cadres, bien que déjà vus, sortant de l'ordinaire par moment. Le rythme du montage plutôt bon (quelques passages non idéal aussi mais ça va). Côté effet, make-up et compagnie : c'était plutôt bon ! Merci aux scènes trashs, présentes à une juste mesure qui fait qu'on ne s'en lasse pas !

Conclusion : à voir si vous avez l'occasion, pour un chouette moment (à mon goût). (=

5 févr. 2017

“Equilibre d'un amour : jolie mayonnaise schizophrène.” Nicolas Rey

Split

M. Night Shyamalan

 

Wouaw.
Oui, wouaw. Quoi ? Ca vous suffit pas ? D'accord, je poursuis.


Alors déjà, déjà : le trailer.

Ouais, d'accord, c'est vrai, il vous raconte tout.
Tout ? Peut-être pas, non.

 

Vous savez maintenant qu'il s'agit d'un kidnapping de trois adolescentes par un mec schyzoprhène (23 personnalités, ce n'est pas rien). Vous savez aussi que vous allez être dégouté quand vous allez voir la scène avec les jambes de la femme dans l'espace de la porte : vous savez déjà que ce n'est pas une femme. (J'ai été dégoutée de m'y attendre aussi.)


Par contre. Par contre... vous ne savez pas à quel point vous allez prendre votre pied. Vous ne savez pas à quel point ce trailer ne montre qu'une once de ce qui vous attend.
On retrouvera dans ce scénario quelques coups classiques pour les adeptes du genre, mais aussi de belles surprises. Car rien n'est réellement prédictible. En tous cas, on ne peut pas s'attendre à tout, tout de suite. Et le temps qu'on puisse penser à ce que quelque chose puisse arriver... l'action est déjà là.
De ce point de vue, c'est bon !


Ensuite côté cadrage, je dis juste chapeau. Quand les premiers gros plans sur la gueule des acteurs ont fait leur apparition à l'écran, je me suis dis que ça sentait pas bon pour mon jugement final. Finalement, j'ai trouvé ces choix judicieux, et tempérés. La maîtrise de l'image est belle. Les plans sont justement posés et le montage est assez intelligent pour ne pas déranger et même plus : on se laisse transporter sans rechigner.
Les couleurs sont belles, la lumière aussi, avec des jeux de tons (et de cadre) fleurtant avec le film d'horreur. Clins d'oeils à d'autres films de genre dans plusieurs scènes, notamment vers la fin du film ; je suis prête à échanger là dessus, vous me direz ce que vous en pensez. (J'attends sa sortie en France fin février pour qu'on en discute !)


Enfin, un jeu d'acteur impeccable. Quoi, jouer plusieurs personnages dans un même rôle, jouer avec ces personnalités, tout en étant crédible ? James McAvoy l'a fait ! 
Non, il ne joue pas toutes les personnalités dont on entend parler dans le film. On en voit certaines que brièvement, d'autres pas du tout, 5 sont réellement interprétées et maîtrisées avec succès. Autant on peut les reconnaître comme on différencierait deux personnes, autant les quelques passages en direct de l'un à l'autre sont bluffantes.
Bien sûr, un mot rapide sur les autres acteurs : l'adolescente renfermée et la psychologue sont bons. Leurs histoires est bien intégrée au reste du film. Les révélations sont modérées et parsemées tout au long et ajoute à la compréhension générale du scénario et du jeu. Les deux autres ado sont pas mauvaises ; elles n'ont rien d'exceptionnel ou de réellement remarquable d'après moi. On croirait que leur personnage ne sert à rien, puis on comprend le choix de leur intégration dans le film ; je ne spoile pas, la raison est clairement énoncée par le personnage principal.


Note brève sur les autres aspects du film : bravo pour les costumes, pour les décors et accessoires. Tout semble maîtrisé ici aussi pour coller à la caractérisation des personnages et à la cohérence générale du film.
Ah, et le film est quasiment tourné en huit clos. Bien sûr, tout comme vous savez maintenant quel genre de film m'attire, vous savez que j'ai une curiosité pour ces films en huit clos qui me permettent d'aiguiser mes avis critiques ! 

 

Comment terminer autrement qu'en disant : pour moi, Shyamalan signe ici une oeuvre de maître. Merci pour cet univers, pour cette pause dans le temps, pour cette qualité de direction.

4 févr. 2017

“L'amitié disparaît où l'égalité cesse.” Abbé Aubert

Trainspotting 2

Danny Boyle

 

Choose life. Choose a job. Choose a career. Choose a family. Choose a fucking big television. Choose washing machines, cars, compact disc players, and electrical tin can openers. Choose good health, low cholesterol and dental insurance. Choose fixed-interest mortgage repayments. Choose a starter home. Choose your friends. Choose leisure wear and matching luggage. Choose a three piece suite on hire purchase in a range of fucking fabrics. Choose DIY and wondering who the fuck you are on a Sunday morning. Choose sitting on that couch watching mind-numbing spirit-crushing game shows, stuffing fucking junk food into your mouth. Choose rotting away at the end of it all, pishing your last in a miserable home, nothing more than an embarrassment to the selfish, fucked-up brats you have spawned to replace yourself. Choose your future. Choose life . . . But why would I want to do a thing like that ? I chose not to choose life: I chose something else. And the reasons ? There are no reasons. Who needs reasons when you’ve got ... ?

T1.jpg
 

 

Pour ceux qui n'ont pas réussi à achever le premier, ils n'ont rien à voir côté genre : on ne retrouve pas toute la violence qui nous collait à la peau jusqu'après le générique. Ce deuxième film est soft pour cet aspect. 
Bien que je n'ai pas eu l'occasion de revoir le 1 (j'aurais bien aimé), je me suis retrouvée au cinoche pour le second volet de Trainspotting il y a une semaine.

Par contre, les acteurs sont les mêmes, l'histoire continue : le retour du 'traître' en Ecosse, qui rend les parts volées à deux de ses (ex) potes. Bien sûr ça tourne au vinaigre. Bien sur des petits riens s'enlisent et créent des répercussions énormes. Bien sûr ça traite de drogues (un peu), de cul (un peu), de nostalgie, de trahison et d'amitié.

Une nouvelles versions du Choose Life dans ce film, on trouve un extrait dans le trailer :
"Choose life. Choose Facebook, Twitter, Instagram and hope that someone, somewhere cares. Choose watching history repeat itself. Choose your future. Choose reality TV, clut shaming, revenge porn. Choose a zero hour contract, a two hour journey to work, and choose the same for your kids, only worse, and smother the pain with en unknown dose of an unknown drug made in somebody's kitchen, and then... take a deep breath. You're an addict, so be addicted, juste be addicted to something else. Choose the ones you love, choose your future, choose life."
Ce Choose Life est différent, parce qu'en 20 ans, les tentatives de chacun pour avoir une vie 'normale', une famille et des gosses, perdre son addiction ou encore tenter de sortir de prison, tout ça à modifier les décisions et utopies des jeunes qu'on avait connu dans le 1er.

Trainspotting-2.jpg
 


Finalement ce film, c'est un peu le miroir de notre vie. Des conneries et choix réalisés à l'adolescence, on vit les résultats 20 ans plus tard ; premier bilan étape de notre vie. Il nous montre aussi qu'il n'est jamais trop tard pour essayer de se rattraper, qu'il n'est jamais trop tard pour changer (si on le souhaite), jamais trop tard pour perpétuer des erreurs non plus, surtout jamais trop tard pour faire ce qu'on veut et/ou vaut.
 

Enfin BREF ! 

Oui, j'ai bien aimé le film. J'ai passé un chouette moment. Les acteurs sont toujours aussi bon, les personnages autant tripant, l'image et le son aussi captivants !
Malgré une appréhension des seconds volets pouvant être l'objet de flash back, surtout 20 ans plus tard, je n'ai pas été déçue sur ce point là non plus. Certes, les personnages parlent ou écrivent sur leur passé. Certes on a droit à quelques images d'archives. La maîtrise de ces apparitions n'est pas mauvaise à mon goût. Les piqures de rappel de certains passages du premier, faisant partie intégrante du second, sont très joliement placés aussi.


J'ai apprécié de nombreux film de Danny Boyle, pour bien différentes raisons. Il signe ce second volet avec délicatesse, justesse et rigueur. Merci !

5 janv. 2017

"Une place pour les rêves / Mais les rêves à leur place." Robert Desnos

The Big Friendly Giant - The BFG

Steven Spielberg


En français, "le BGG - le bon gros géant". Steven Spielberg dévoile un roman de Roald Dahl en image, pour notre plus grand plaisir, comme vous pouvez vous en douter.
Univers sublimes, mêlant géants et humains, mêlant douceurs et craintes. Il ne faut pas se fier aux apparences, il faut apprendre à être brave, à se surpasser.

Spielberg garde son univers de fiction avec ce film pour grands enfants et jeunes adultes (jeunes dans leur tête !). 
Qui croit à ces histoires de géants ? C'est une belle question. Sophie, jeune orpheline, sait qu'il ne faut pas être trop curieuse, sait que ce n'est pas parce qu'il y a du bruit à l'extérieur, qu'il faut se laisser surprendre à s'approcher de sa fenêtre, ouvrir les rideaux, et observer. Bah oui, parce que si quelqu'un la voit, qui sait ce qu'il pourrait faire ?
Et... si c'était un géant ?!

Chanceuse, même si c'est difficile à croire au départ, le géant l'ayant découvert est végétarien ! Pas ses collègues, dont il est tête de turc, du pays des géants. 
L'aventure fait tranquillement son bonhomme de chemin, on apprend à découvrir Sophie, on les voit évoluer, on en apprend petit à petit davantage sur le géant. Entrée en matière douce, qui n'en est pas moins belle.

Côté magie, illusions, émotions douces... le géant est chasseur de rêves. Tu trouves ça mal, hein ? C'est pas cool de chasser les rêves ! Ouais sauf qu'il ne les vole pas aux personnes, il part les cueillir dans un monde parallèle de l'autre côté d'un lac, sur un arbre ..à rêves. Avec bien sûr, au milieu, un cauchemar qui naît de temps en temps. Il faut être prudent avec eux !
Après les avoir attrapé, il est possible d'en mélanger certains et créer des rêves particuliers. C'est trop cool :-) Mais qu'en faire ?! Simplement, le géant va en ville, et lorsque l'on s'est endormi, il nous souffle nos rêves.

Ouais, j'ai kiffé cette parti. Ce côté appartenait plus à Roald Dahl qu'à Spielberg je suppose, mais le rendu était bon.
Spielberg reste un bon. Plans intelligents à mon goût, fluidité des mouvements, bel enchainement des plans. Les images sont remplies d'informations, de détails, rien de saturés non plus. C'est comme une complète simplicité !
La post-production a super bien fait son boulot aussi faut dire... Et que le géant a une super tête. J'ai kiffé ce mélange de tendresse, à la limite de la faiblesse, plein de sentiments, de douceur, de curiosité, de patience. La vie a fait son travail sur cet homme à la taille démesurée, aussi démesuré que sa belle personnalité.

Suis allée voir ce film avec Luca, le petit dont je m'occupe ici. 5 ans, et il a adoré aussi. Beaucoup de chose pour lui, on a certainement eu deux lectures différentes, mais on a tous les deux passés un agréable moment. D'autant plus que la salle étaient quasi vide (4 enfants avec un adulte chacun). 

Bien sûr, film vu en VO ici, et sans regret. Les accents accompagnent les personnalités ! Ok, j'ai pas compris tous les dires du géant (écossais pour sûr !) mais ca lui donnait du charme. Je comprends pas ce fort accent, mais j'aime bien l'entendre. Aussi, j'espère que la version française n'a pas trop perdu de ces caractéristiques propres aux personnages...

Le film est sorti en juillet 2016 en France. Je ne le vois que maintenant, oui... mieux vaut tard que jamais ! Bien que oui, j'aurais pu m'en passer. Mais oui, j'ai bien apprécié aussi !

- page 1 de 16