Littérature

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29 nov. 2015

"You have to die a few time before you can really live." C. Bukowski

Charles Bukowski

1920 Allemagne - 1994 Californie / USA 
(Merci B. pour cette découverte.)


Bukowski. Poète, écrivain. Je dirai aussi observateur et critique. Lui, son vécu, son époque. 
Particulier c'est une certitude. Des nouvelles à foison, d'une véracité profonde et effrayante. Sous l'emprise d'un alcool plus ou moins actif, on découvre une Bukowski toujours au bord du précipice. Quelle vie. Comment un homme peut-il être ce mélange de folie et cruauté, et de beauté émouvante ?

Dévorer des nouvelles de Bukowski n'est pas chose aisée. Mais sa plume reste sans aucun doute une des plus ferme et pénétrante qu'on puisse lire. Je pense à son roman (autobiographique) "Souvenirs d'un grand chose". Une putain de claquasse. Je regretterais presque de ne pas avoir découvert cet ouvrage plus tôt. 

Putain de mec. Qui apporte tellement. Comment devenir alcoolique ? Comment devenir cruel ? Comment apprendre à se battre ? Comment faire face ? Comment s'en foutre ? Comment grandir ? omment contrôler ? Comment se démerder ? Comment gérer les injustices ?... Ou comment est-ce que la vie forge un Homme, le crée, le transforme, mais avant tout le dégueule.

Un p'tit gars né de parents pauvres à la vie sinistre. Un gars moche et paumé. Souvenirs d'un pas grand chose, ou la découverte d'une enfance. Un enfant façonné par la "famille", les "amis", la "nature", et par lui-même - tant bien que mal. Pas de chance (sinon la notre). Ne rien demander à personne, ça fait chier les autres, et il l'a bien compris.

"I don't hate people, I juste feel better when they aren't around."

Aucune naïveté dans les propos, jamais. Une plume crue et véritable. Entre errance et angoisse, on rencontre ici Bukowski dans son entier.

NDLR : Ce bouquin te dépucelle vite fait bien fait.

21 mars 2012

"La question est de savoir si l'on donne au public quelque chose qui vise à le rendre plus heureux, ou quelque chose qui corresponde à la réalité du sujet." Kubrick

La dramaturgie

Yves Lavandier, Edition le Clown et l'Enfant


Ouais, écrire des scénarii, tout-ça... c'est pas si facile qu'on pourrait croire. Trop plein de choses à penser, à prévoir. Une maîtrise quasi-perfecte des personnages, leurs histoires, les décors... puis d'ordre dramaturgique, les conflits et obstacles, internes et/ou externes, devant tenir la route et être à la hauteur des attentes des (futurs) spectateurs. Surtout ne pas oublier les paiements. Eviter les deus-ex-macchina (choix personnel).
Bref, intéressant, mais pas aisé ! Et pour peu qu'on se spécialise dans un genre : comédie, et encore plus angoisse sont les plus difficiles (si on ne vise pas les récits de merde). Tout ça pour parler... Littérature, et oui. Enfin, pas que.


La Dramaturgie, d'Yves Lavandier. Ce bouquin est un pavé, mais aussi une bible pour toute personne qui se déstine à l'écriture. Attention, pas n'importe laquelle, celle qui a pour but d'être représentée et reçue par un public. Le théâtre et le cinéma quoi ! Je vous avoue ne pas être une pro, je n'ai même pas encore vu toutes les facettes de ce livre. Ce qui est sûr c'est qu'il est à lire. Tout le vocabulaire est répertorié, les plus grands auteurs aussi. (Le terme bible est vraiment jusitifié). Il ne permet pas d'écrire LE scénario parfait qui comblera tout spectateur. Il énonce les règles nécessaires pour que le récit tienne au moins la route (et c'est déjà beaucoup). Il donne des exemples de films dont le récit même est caduque ; les prouesses techniques et esthétiques n'excusent pas toujours une histoire qui ne fonctionne pas. L'abondance d'exemples cinématographiques (films et réalisateurs) fait que l'on comprend bien, aucun doute possible sur les définitions de termes, les aspects techniques ou narratifs. L'ajout de référénces de philosophes et épistémologues (Chomsky, Truby, l'école de Palo Alto...) renforcent le bien fondé de ses propos. (Si on ne connait pas, il explique leurs idéés.) Les propos sont donc très accessibles.

Lavandier, explique les différents aspects d'un film/d'une pièce attendus par le public, et qui doit donc apparaître dans l'écrit de pièce ou scénario. Agrémenté de nombreuses références pour la plupart culte (Psychose, Pulp Fiction, La vie est belle, Andromaque...), il défent certaines utilisations à d'autres. Son parti pris est radical et, en tant que lecteur passif, pas moyen d'argumenter quoi que ce soit pour rétorquer ou juste échanger.

Si je parle de ce bouquin, c'est aussi pour dénoncer / parler d'un passage en particulier (début du livre, page 93, Chapitre 3 sur les obstacles). Ca concerne le parti pris de Lavandier. J'aimerai plutôt parler du choix, des goûts de chacun, et l'appréciation des différents genres. Les genres existent bel et bien. Même si certains films peuvent appartenir à plusieurs genres, ils sont classés. De là, chacun son choix pour préférer les drames aux comédies, non ?

Ok, donc : Chapitre 3 : Les obstacles / B. Efficacité des obstacles / Force des obstacles / L'excès d'obstacles. Ici, l'auteur explique les 4 problèmes engendrés par l'excès d'obstacles dans un récit. Le quatrième est, je cite "Le spectateur a l'impression d'un acharnement ou d'une complaisance sadique." Il nomme les scènes de viols de Chiens de Paille, d'Irréversible, d'Orange mécanique. Les scènes de tortures de La passion du Christ, Réservoir dogsPulp fiction. Il dit que dans ces films, l'auteur nous laisse le temps de nous "délecter" des scènes violentes. Ca, ajouté au fait qu'on sait que le personnage ne s'en sortira pas ; d'après lui, ça ne fonctionne pas. Déjà, concernant l'accroche au film, les plans où la violence est visible n'empêche pas de suivre le récit. Certaines personnes ne supportent pas ces films, certes. Mais d'après moi, avoir accès à la violence (au cinéma) n'est pas un mal. Ce n'est pas sadique que de vouloir voir ! C'est rare d'être confronté à des images de ce type, et le rendu esthétique est parfois tellement... bien, beau, réel ! (Question esthétique, je nomme Last Caress ou Blackaria de François Gaillard, dont j'avais déjà parlé sur ce blog.) 

Tout comme faire rire n'est pas toujours aisé au cinéma, répugner, faire horreur, faire peur l'est encore moins ! Et quand les prises de vues, les effets et le montage fonctionnent, c'est niquel. D'aimer ce type de films ne fait pas de moi quelqu'un de morbide, d'assoiffé de sang ou même simplement d'agressif et méchant. Au contraire ! (Après, si y a des gens tordus qui s'inspirent des films pour reproduire dans la vie, c'est autre chose.) Puis, Lavandier dit que Tarantino justifie ses scènes par de l'artistique, pour une question de cohérence aux personnages et poursuit "la belle excuse" ! Je pense aussi que Tarantino se plait à faire ses films. Mais il a droit au succès, c'est que ça fonctionne. Après, si on prend l'exemple de Tesis, d'Amenabar, une des premières scène du film est le suicide d'une personne dans le métro. Les passagers descendent et sont tous à l'affut pour voir le mort, le personnage principal aussi, et nous de même ! Ok, on est hésitant, on a presque peur de ce qu'on a va voir, mais on est curieux, on veut savoir et voir. Finalement on ne la voit pas et on est presque déçu. Preuve quand même qu'on recherche ce genre d'images morbides. J'aime les films qui prennent aux tripes, j'assume, et je pense que c'est se mentir de dire que c'est inhumain de réaliser ou de regarder ce genre là. Je précise quand même que c'est pas non plus avec plaisir qu'on voit les gens se faire tabasser et massacrer le crâne par un extincteur (Irréversible) ou une simple bouteille (Le Labyrinthe de Pan). (D'où le fait que ça prenne aux tripes...)

Ormis cet apparté sur les goûts et les couleurs, et la réponse au 4ème problème lié à l'excès d'obstacles de Lavandier, je conseille fortement ce livre a qui se prédestine à l'écriture !

12 juin 2010

«La seule manière de parler de rien est d'en parler comme si c'était quelque chose, tout comme la seule manière de parler de Dieu est d'en parler comme s'Il était un homme.» Samuel Beckett

Fin de partie.

Samuel Beckett

Fouilli de mots se succédant. Même Beckett l'a dit. "Chaque mot est comme une souillure inutile du silence et du néant". Histoire confuse. Ensemble intriguant. Fin de partie ; fin du monde ? Martyr et abasourdissement. Des pages de souffrances voluptueuses admirées.

Je vous offre des extraits. Extraits crus, ensemble portant à réflexion. Sachez, Beckett l'a dit : "Réfléchir, c'est à dire à écouter plus fort". Prenez :

HAMM - "Attends ! (Clov s'arrête.) Comment vont tes yeux ?
CLOV - Mal.
HAMM -  Mais tu vois.
CLOV - Suffisamment.
HAMM -  Comment vont tes jambes ?
CLOV - Mal.
HAMM -  Mais tu marches.
CLOV - Je vais, je viens.
HAMM -  Dans ma maison. (Un temps. Prophétique et avec volupté.) Un jour tu seras aveugle. Comme moi. Tu seras assis quelque part, petit plein perdu dans le vide, pour toujours, dans le noir. Comme moi. (Un temps.) Un jour tu te diras : Je suis fatigué, je vais m'asseoir, et tu iras t'asseoir. Puis tu te diras : J'ai faim, je vais me lever et me faire à manger. Mais tu ne te lèveras pas. Tu te diras : J'ai eu tort de m'asseoir, mais puisque je me suis assis je resterais assis encore un peu, puis je me lèverai et je me ferai à manger. Mais tu ne te lèveras pas et tu ne te feras pas à manger. (Un temps.) Tu regarderas le mur un peu, puis tu te diras : Je vais fermer les yeux, peut-être dormir un peu, après ça ira mieux, et tu les fermeras. Et quand tu les rouvriras il n'y aura plus de mur. (Un temps.) L'infini du vide sera autour de toi, tous les morts de tous les temps ressuscités ne le combleraient pas, tu y seras comme un petit gravier au mieu de la steppe. (Un temps.) Oui, un jour tu sauras ce que c'est, tu seras comme moi, sauf que toi tu n'auras personne, parce que tu n'auras eu pitié de personne et qu'il n'y aura plus personne de qui avoir pitié. (Un temps.)
CLOV - Ce n'est pas dit. (Un temps.) Et puis tu oublies une chose.
HAMM -  Ah.
CLOV - Je ne peux pas m'asseoir.
HAMM -  (Impatient.) Eh bien, tu te coucheras, tu aprles d'une affaire. Ou tu t'arrêteras, tout simplement, tu resteras debout comme maintenant. Un jour tu te diras : Je suis fatigué, je vais m'arrêter. Qu'importe la posture ! (Un temps.)
CLOV - Vous voulez donc tous que je vous quitte ?
HAMM -  Bien sûr.
CLOV - Alors je vous quitterai.
HAMM -  Tu ne peux pas nous quitter.
CLOV - Alors je ne vous quitterai pas. (Un temps.)
HAMM - - Tu n'as qu'à nous achever. (Un temps.) Je te donne la combinaison du buffet sit u jures de m'achever.
CLOV - Je ne pourrais pas t'achever.
HAMM -  Alors tu ne m'achèveras pas."

CLOV - "Si je ne tue pas ce rat il va mourir.
HAMM -  C'est ça. (Clov sort. Un temps.) A moi. (Il sort son mouchoir, le déplie, le tient à bout de bras ouvert devant lui.) Ca avance. (Un temps.) On pleure, on pleure, pour rien, pour ne pas rire, et peu à peu... une vraie tristesse vous gagne. (Il replie son mouchoir, le remet dans sa poche, relève un peu la tête.) Tous ceux que j'aurais pu aider. (Un temps.) Aider ! (Un temps.) Sauver. (Un temps.) Sauver ! (Un temps.) Ils sortaient de tous les coins. (Un temps. Avec violence.) Mais réfléchissez, réfléchissez, vous êtes sur terre, c'est sans remède ! (Un temps.) Allez-vous en et aimez-vous ! (Un temps. Plus calme.) Quand ce n'était pas du pain c'était du mille-feuille. (Un temps. Avec violence.) Foutez-moi le camp, retournez à vos partouzes ! (Un temps. Bas.) Tout ça, tout ça ! (Un temps.) [...] (Plus calme.) La fin est dans le commencement et cependant on continue. (Un temps.) Je pourrais peut-être continuer mon histoire, la finir et en commencer une autre. (Un temps.) Je pourrais peut-être me jeter par terre. (Il se soulève péniblement, se laisse retomber.) Enfoncer mes ongles dans les rainures et me trainer en avant à la force du poignet. (Un temps.) Ce sera le fin et je me demanderai ce qui a bien pu l'amener et je me demanderai ce qui a bien pu... (il hésite)... pourquoi elle a tant tardé. (Un temps.) Je serai là, dans le vieux refuge, seul contre le silence et... (il hésite)... l'inertie. Si je peux me taire, et rester tranquille, c'en sera fait, du son, et du mouvement. (Un temps.) J'aurai appelé mon père et j'aurai appelé... (il hésite)... mon fils. Et même deux trois, trois fois, au cas où il n'auraient pas entendu, à la première, ou à la seconde. (Un temps.) Je me dirai : Il reviendra. (Un temps.) Et puis ? (Un temps.) Et puis ? (Un temps.) Il n'a pas pu, il est allé trop loin. (Un temps.) Et puis ? (Un temps. Très agité.) Toutes sortes de fantaisies ! Qu'on me surveille ! Un rat ! Des pas ! Des yeux ! Le souffle qu'on retient et puis... (il expire.) Puis parler, vite, des mots, comme l'enfant solitaire qui se met en plusieurs, deux, trois, pour être ensemble, et parler ensemble, dans la nuit. (Un temps.) Instants sur instants, plouff, plouff, comme les grains de mil de... (il cherche)... ce vieux Grec, et toute la vie on attend que ça vous fasse une vie. (Un temps. Il veut reprendre, y renonce. Un temps.) Ah y être, y être ! (Il siffle. Entre Clov, le réveil à la main. Il s'arrête à côté du fauteuil.) Tiens ! Ni loin ni mort.
CLOV - En esprit seulement.
HAMM -  Lequel ?
CLOV - Les deux.
HAMM -  Loin tu serais mort.
CLOV - Et inversement."

CLOV - "Je me dis - quelquefois, Clov, il faut que tu arrives à souffrir mieux que ça, si tu veux qu'on se lasse de te punir - un jour. Je me dis - quelquefois, Clov, il faut que tu sois là mieux que ça, si tu veux qu'on te laisse partir - un jour. [...] (Un temps.) Quand je tomberai, je pleurerai de bonheur."

Très glauque comme choix ? L'ensemble est ressemblant. Une compréhension est recherchée. L'absurde absurdité de la pièce rend l'ensemble confus. Le but recherché est atteint. Description d'une fin de monde. Lueur d'espoir finale imaginée. Je ne peux vous en dire plus sans mettre donner trop d'informations.
A dire vrai, je ne saurai dire si l'appréciation est positive ou négative. Un synopsis est je crois impossible pour cette oeuvre.

Beckett : à lire. Beckett paraît difficile à jouer. Beckett n'est pas directement compréhensible.

19 nov. 2009

"Toute vie mérite qu'on s'y attache." Eugène Dabit

Arto Paasilinna


Présentation de l'auteur :
"Né à l'arrière d'un camion, en pleine fuite des allemands, Arto Paasilinna traverse la Norvège, puis la Suède pour finir en Laponie finlandaise. Dès 1955, il exerce des métiers manuels comme celui de bûcheron ou d'ouvrier agricole mais suit, quelques années plus tard, des cours d'enseignement général à l'Ecole supérieure d'éducation populaire de Laponie. Il commence à écrire en devenant stagiaire au quotidien régional, 'Lapin Kansa'. Entre collaboration à la rédaction de divers journaux et revues littéraires, et l'écriture de romans tels que 'Le lièvre de Vatanen' (1993) ou 'Le fils du dieu de l'orage' (1995), il trouve encore le temps de composer des scénarios pour le cinéma et la télévision. Les thèmes récurrents comme celui de la fuite, des personnages singuliers et un art de la répétition qui n'appartient qu'à lui font toute l'originalité de ses oeuvres. Cet auteur prolifique et brillant est devenu une figure emblématique et incontournable de la littérature finlandaise, et est parti pour gagner la reconnaissance d'un public international." Evene.fr
 
Opinion personnelle :
J'ai reçu en cadeau l'an passé le livre La Douce Empoisonneuse. Je ne connaissais ni l'histoire, ni l'auteur. Je l'ai dévoré. Un bouquin qui rassasie la faim. Magnifique auteur : son écriture glisse sous les yeux, ses histoires coulent en nous et nous engloutissent.
Suite à ce roman envoutant, j'ai lu La cavale du Géomètre, du même auteur évidemment. Si l'on veut se situer géographiquement dans cet oeuvre, il faut maitriser la carte de la Finlande. Néanmoins cette connaissance n'est pas nécessaire. Une histoire de grand aventure dans laquelle on se fait emporter contre notre gré mais qu'on apprécie tant !
Les noms des personnages restent ceux de l'Europe de l'Est, et ses personnages sont d'ailleurs récurrents dans ses oeuvres. J'ai à peine entamé Le Bestiel Serviteur du Pasteur Huuksonen, et on retrouve les mêmes noms pour des personnes qui ont la même fonction : Seppo Sorjonen est médecin.
 
Je vous recommande de lire cet auteur. Des deux livres achevés, je préfère malgré tout  La Douce Empoisonneuse. Je compte bien poursuivre la lecture de ses oeuvres !
«L'homme est ainsi fait qu'il ne peut s'empêcher de taper dans un ballon qui approche. C'est dans le sang. Et quand un ballon s'éloigne, il se met à courir après.»
La littérature quand même, ça sait faire du bien !

31 août 2009

"On ferait souvent un beau livre de ce qu'on n'a pas dit." Rivarol

Eric-Emmanuel Schmitt


Eric-Emmanuel Schmitt, au moins de nom, on le connait. Mais tout le monde sait-il réellement ce qu'il a pu faire ?
Dramaturge et romancier français, il a avoué "Ce que j'écris me dépasse". Ca me dépasse à moi aussi ! Mieux, ça me traverse. Je comprends pas comment on peut écrire des choses comme ça ! Bon, je ne me base que sur un seul bouquin en disant ça : Le sumo qui ne pouvait pas grossir. Rien que le titre... 

"Ce que j'écris me dépasse." "Ce que j'écris me dépasse." Ce qu'il écrit le dépasse ! Mais il les a bien rédigées, ces pages ! En le lisant, j'ai vraiment eu envie de le rencontrer, cet homme. De parler avec lui. Pour pouvoir "philosopher", j'entends par là dire "oui" et "non" juste après ; voir négatif puis virer au positif. Il faut avoir un p*** d'esprit, je ne trouverai pas le bon adjectif. Ce doit être génial de discuter avec lui, en imaginant que les écrits soient les reflets de leur auteur.
 
Tenez, je vous offre un extrait qui m'a bien plu, dans la forme,  l'écriture, et le thème :
 
"Car il faut vous précisez qu'à l'époque, je souffrais d'allergie. J'étais devenu intolérant à la terre entière. Y compris à moi. Un sujet captivant pour la médecine si elle s'était penchée sur mon cas : je faisais de l'allergie universelle. Rien ne m'attirait, tout me répugnait, vivre me provoquait des démangeaisons, respirer mettait mes nerfs en pelote, regarder alentour me poussait à m'éclater le cervelle contre les murs. Observer les humains me filait le nausée, suivre leur conversation couvrait me peau d'eczéma, approcher leur laideur me secouait de frissons, les fréquenter m'ôtait le souffle ; quant à les toucher, à cette seule idée, je pouvais m'évanouir. Bref, j'avais organisé mon existence en fonction de mon infirmité : adieu l'école, je n'avais pas d'amis, j'accomplissais mon commerce sans palabrer, je me nourrissais de produits fabriqués pas l'industrie alimentaire - boîte de conserve, soupes lyophilisées - en les mangeant isolé, coincé entre les planches d'un chantier, et la nuit, j'allais coucher dans des lieux déserts, souvent malodorants, tant je tenais à dormir seul.
Même penser me donnait des douleurs. Réfléchir ? Inutile. Me rappeler ? J'évitais... Prévoir ? J'évitais aussi. Je m'étais coupé du passé et de l'avenir. Ou, du moins, je tâchais... Parce que, si bazarder  ma mémoire ne m'avait pas posé de problème tant elle charriait de méchants souvenirs, il m'était plus compliqué d'arrêter de rêver des scènes plaisantes. Je me l'interdisais pourtant, sachant que j'allais morfler au réveil, quand je réaliserais que c'était impossible.

- Je vois un gros en toi. " 

Evidemment, je ne peux que vous conseiller de le lire. Dans la collection Albin Michel, il contient une centaine de pages, une police aérée avec des caractères moyens. La lecture est facile, rapide, et fait du bien à l'esprit !

R e n f e r m é s   s ' a b s t e n i r  !
Merci mère !

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